B10Jusqu’à quel point la lecture de la souffrance en fin de vie peut être reconnue et exprimée par le soignant; réflexion éthique – télécharger la présentation
Par: Marie-Andrée Tremblay, professeure associée, chargée de cours et éthicienne clinique – UQAC, Université de Sherbrooke

Description
Par ses différentes particularités, la souffrance demeure difficile à évaluer, car elle est unique à chaque personne. Le fait pour le soignant de devoir faire face à des situations complexes et dramatiques entourant la fin de vie ne peut que le reporter à sa propre vulnérabilité. La souffrance du soigné peut avoir des effets chez le soignant. Par un mécanisme de défense, il peut arriver que le soignant limite et même évite les contacts avec le soigné au point de négliger les besoins de base. Les échanges avec le soigné et les communications avec sa famille sont alors limités au minimum et des stratégies d’évitement peuvent être utilisées. Des soignants que je rencontre disent qu’il leur arrive de vivre, au contact de patients souffrants, des émotions telles qu’inconfort, anxiété liée au doute, indignation, tristesse, colère, honte, souffrance, etc. Ils rapportent également que la difficulté d’exprimer leur propre souffrance constitue un obstacle important à la reconnaissance de celle des autres. Par conséquent, il peut en résulter une déshumanisation des soins et de la relation à l’autre. Les lourdes charges émotionnelles dont sont porteuses la fin de vie et la souffrance qu’elles génèrent constituent un domaine de réflexion et de recherche dont la pertinence n’est plus à justifier et pour lequel des conditions et des moyens doivent être mobilisés. De plus, amené à faire des choix entre efficacité, productivité, technologie, contraintes administratives, économiques, organisationnelles et aux valeurs humanistes souvent mises de côté, le soignant vit des conflits éthiques, alors que la qualité des soins, le refus de traitement, l’arrêt des traitements, l’acharnement thérapeutique, la demande de mourir représentent certains enjeux. Ces situations contribuent à poser des dilemmes au cours des interventions. Dans sa tentative pour aider le soigné, le soignant est forcément appelé à réfléchir sur la vie, à se questionner, se positionner.