Par: Louis-André Richard, professeur de philosophie – Cégep de Sainte-Foy
Description
Si nous sommes tous fragiles, nous ne sommes pas tous vulnérables de la même manière. En effet, de tous les animaux peuplant notre petite planète, nous représentons l’espèce la plus fragile. Nous naissons nus et dépourvus de protection. Sans le secours attentionné de nos semblables, nous ne saurions survivre. Or, en fin de vie, notre fragilité refait obligatoirement surface. Nous voilà de nouveau exposés, et le soutien des autres convoque notre vulnérabilité.
Mais le vulnérable n’est pas que l’affaire du patient. Si celui-ci perd de plus en plus d’indépendance, il appelle néanmoins au respect de son autonomie. Comme le disait si bien Lévinas : «La vulnérabilité est une autorité désarmée, mais impérative.» Le soignant pour sa part rencontre sa propre fragilité au contact du mourant, cela l’interroge et le bouleverse. Dans sa relation à ce dernier émerge la problématique des conditions du respect de son autonomie. Ce respect donne-t-il tous les droits au patient? Y a-t-il des limites à ne pas franchir? Si oui, comment les reconnaitre? Le patient, au coeur de sa vulnérabilité, conserve-t-il une part de responsabilité à l’égard des mains aidantes, déployées à son service? Comment bien faire la part des choses au coeur de la relation? Si un accompagnant juge inadmissible le comportement d’un mourant, doit-il se taire? Est-ce une forme de respect que de partager ce type de jugements? Désavouer un comportement implique-t-il obligatoirement le mépris de la personne? Est-ce là un manque de respect?
La communication proposée ici vise à jeter un regard philosophique sur ces questions. Il s’agit d’explorer des repères possibles dans le but de baliser une meilleure compréhension du respect des uns comme des autres dans les situations limites rencontrées en fin de vie. Si la vulnérabilité impose le respect, celui-ci peut-il nous amener à faire face à d’autres formes de vulnérabilité? Telles seront les réflexions convoquant notre conversation.