Bulletin | Volume 30 No. 1 Express

Bulletin Espress Automne 2022

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Ce bulletin est une version express post congrès annuel 2021.

L’Association Québécoise de Soins Palliatifs (AQSP) réagit au projet de loi 38 sur les soins de fin de vie

                                                                                                            Communiqué de presse

                                                                                                            Pour diffusion immédiate

 

L’Association Québécoise de Soins Palliatifs (AQSP) réagit au projet de loi 38 sur les soins de fin de vie

Montréal, le 27 mai 2022 – L’Association québécoise de soins palliatifs (AQSP) travaille à promouvoir l’accès à des soins palliatifs de qualité pour tous, au Québec. Elle est concernée au premier plan par la Loi concernant les soins de fin de vie qui stipule que : « … les droits de ces personnes de même que l’organisation et l’encadrement des soins de fin de vie de façon à ce que toute personne ait accès, tout au long du continuum de soins, à des soins de qualité ».

L’AQSP réagit au Projet de loi 38 en exprimant d’abord sa satisfaction à l’égard du gouvernement qui considère que « le trouble mental n’est pas considéré comme étant une maladie grave et incurable » (art. 13). Nous applaudissons à cette éthique de la prudence.

L’AQSP félicite aussi l’importance de préserver dans la Loi la liberté de conscience des médecins et des professionnels de la santé.

Tout comme l’Alliance des maisons de soins palliatifs du Québec (AMSPQ), l’AQSP se désole de l’ajout de l’énoncé suivant concernant les Maisons de soins palliatifs :

« Les maisons de soins palliatifs déterminent les soins de fin de vie qu’elles offrent dans leurs locaux. Toutefois, elles ne peuvent exclure l’aide médicale à mourir des soins qu’elles offrent que si elles y sont autorisées par le ministre » (art. 9).

L’AQSP soutient donc, sans réserve, la position de l’AMSPQ. L’AQSP souhaite que le respect de l’autonomie des personnes malades, si chère aux Québécois, se traduise également par le respect du pouvoir décisionnel des Conseils d’administration, des dirigeants, soignants et bénévoles des Maisons de soins palliatifs. L’AQSP est aussi en droit de s’interroger sur les critères qui vont permettre au ministre de soustraire une Maison à l’obligation d’offrir l’aide médicale à mourir.

Enfin, l’AQSP demande que soit inscrite, explicitement dans le projet de loi, l’obligation de consulter une équipe multidisciplinaire d’experts détenant des compétences en psychogériatrie, en gériatrie ou en gérontopsychiatrie et en troubles cognitifs pour toute demande d’AMM chez des clientèles diagnostiquées avec troubles neurocognitifs (TNC). Il est faux de croire que le médecin seul détient la compétence pour évaluer la souffrance d’une personne atteinte de TNC. Ceci est un incontournable et s’inscrit dans une visée de non-discrimination des personnes vulnérables, souvent incapables d’exprimer leurs volontés et leurs conditions physique et psychique sans le support d’une équipe multidisciplinaire.

L’AQSP se questionne également sur la façon dont les souffrances de la personne atteinte de démence seront « objectivables » par le professionnel compétent impliqué, considérant la rareté des données probantes en la matière. L’AQSP craint que le Projet de loi 38 soit adopté dans une précipitation inconvenue.

 

À propos de l’Association québécoise de soins palliatifs (AQSP)

L’association québécoise de soins palliatifs (AQSP) a pour mission d’être un carrefour d’échange, de réflexion pour la communauté en soins palliatifs. Elle soutient la communauté en répondant à ses demandes de formation et d’information. Notre association regroupe près de 700 membres constituant un réseau d’intervenants, de bénévoles et de professionnels, tous unis pour former une équipe multidisciplinaire dont le patient et ses proches font partie.

À propos de la Coalition du Québec pour l’accès aux soins palliatif

Formée de 25 organismes et chapeautée par l’Association québécoise de soins palliatifs, la Coalition collabore étroitement avec le ministère depuis plusieurs années.

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Source :

L’Association Québécoise de Soins Palliatifs

Louise La Fontaine md PhD

Présidente

www.aqsp.org

 

Pour organiser une entrevue avec un porte-parole de l’Association québécoise de soins palliatifs, veuillez contacter :

Marta Silva

Coordonnatrice, Agente de développement

514-826-9400

[email protected]

 

 

La Coalition du Québec pour l’accès aux soins palliatifs lance la campagne Au bon endroit, au bon moment

 

 

Pour diffusion immédiate

 

COMMUNIQUÉ

En cette semaine nationale des soins palliatifs et
du Congrès de l’Association québécoise de soins palliatifs

La Coalition du Québec
pour l’accès aux soins palliatifs
lance la campagne

Au bon endroit, au bon moment

 

Montréal, le 4 mai 2022 – En cette semaine nationale des soins palliatifs (1er au 7 mai) et du Congrès de l’Association québécoise de soins palliatifs (5 et 6 mai), la Coalition du Québec pour l’accès aux soins palliatifs lance une première campagne de sensibilisation grand public. Intitulée Au bon endroit, au bon moment, elle vise à promouvoir une meilleure accessibilité aux divers milieux de soins palliatifs; au meilleur moment possible dans la trajectoire de vie de chaque patient.

Pour Dre Louise La Fontaine, porte-parole de la Coalition et présidente de l’Association québécoise de soins palliatifs, il est essentiel de rappeler tous les lieux où l’on peut recevoir ces soins tant appréciés.  « Chez soi, en résidence, en maison de soins palliatifs ou en établissement de santé, nous devrions toujours avoir accès à des soins palliatifs de qualité dans le milieu de son choix ». Selon elle, « nous avons grand avantage à ne pas limiter l’accès à ces soins aux derniers moments de la vie. Nous devons collectivement en faire beaucoup plus afin que les patients et leurs proches puissent en profiter dès le diagnostic d’une maladie pouvant écourter la vie. »

Présenté comme un pas dans la bonne direction, la Coalition du Québec pour l’accès aux soins palliatifs a accueilli favorablement le Plan santé proposé en mars dernier par le Gouvernement du Québec. À l’aube des élections provinciales d’octobre prochain, la Coalition espère que tous les partis s’engagent dans leurs plateformes à bonifier l’accès aux soins palliatifs par des mesures concrètes.

Extrait de l’affichette de la Campagne Au bon endroit, au bon moment.

 

Pour faire connaitre la Campagne Au bon endroit, au bon moment, les personnes et groupes intéressés peuvent télécharger une affichette imprimable ou des bannière web sur le site www.aqsp.org/aubonendroitaubonmoment. Des ressources pour mieux connaître les soins palliatifs y sont également disponibles. Pour les partages sur les réseaux sociaux, la Coalition suggère l’usage du mot-clic #aubonendroitaubonmoment.

La Campagne sera aussi présente lors du 31e congrès annuel de l’Association québécoise de soins palliatifs qui réunira les 5 et 6 mai 600 personnes au Centre de congrès de Saint-Hyacinthe. L’inscription étant complétée, on peut retrouver à l’adresse suivante la programmation de ce congrès de retour en présentiel après deux années de rencontres virtuelles https://laformule.ca/wp-content/uploads/2022/02/AQSP-Programme-v4d.pdf.

Depuis 2018, la Coalition du Québec pour l’accès aux soins palliatifs a pour mission de veiller à l’accessibilité aux soins palliatifs pour les personnes en fin de vie au Québec. Formée de 25 organismes et chapeautée par l’Association québécoise de soins palliatifs, elle s’emploie au bien-être des Québécois atteints de maladies graves et de leurs proches. Pour découvrir les membres de la Coalition et ses prises de parole précédentes : www.aqsp.org/coalition.

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De nombreuses ressources de la Coalition seront disponibles pour entrevue au Congrès de l’Association québécoise de soins palliatifs, les 5 et 6 mai.

Marta Silva
Coordonnatrice
514 826-9400  |  [email protected]

 

Sources:

https://www.aqsp.org/aubonendroitaubonmoment/:

10 mythes sur les soins palliatifs
https://youtu.be/qvRR0OlImFU

La Semaine nationale des soins palliatifs
www.acsp.net/campagnes/la-semaine-nationale-des-soins-palliatifs

Les sites internet des 25 membres de la Coalition!
www.aqsp.org/coalition

 

L’Association québécoise de soins palliatifs et la Coalition du Québec pour l’accès aux soins palliatifs accueillent favorablement le Plan santé

Montréal, le 31 mars 2022 – L’Association québécoise de soins palliatifs (AQSP) et la Coalition du Québec pour l’accès aux soins palliatifs se réjouissent de plusieurs mesures annoncées par le ministre de la Santé et des Services sociaux, M. Dubé, lors de la présentation du plan santé.

Ce rapport est le fruit d’une réflexion profonde sur notre système de santé québécois et d’une volonté de travailler avec les acteurs de terrains. L’AQSP ainsi que la Coalition aimeraient souligner quelques pistes de solutions pouvant favoriser le développement de soins palliatifs et d’y améliorer leur accès.

Pistes de réflexion importantes pour l’avenir des soins palliatifs au Québec :

Valorisation du travail en interdisciplinarité, de la collaboration avec les différents organismes communautaires, et la qualité et l’offre de soins palliatifs à domicile et dans la communauté.

• Résultats attendus: Réponse positive aux besoins des Québécois pour le maintien à domicile; pression diminuée sur les établissements de soins, grandement fragilisés par la pandémie; amélioration de l’accès à des soins de qualité au bon endroit et par la bonne personne; possibilité de création d’un véritable réseau de soins palliatifs pan québécois.

Mesures destinées aux clientèles vulnérables.

• Résultats attendus : Identification des clientèles en soins palliatifs comme prioritaires pour le gouvernement; actions sur le terrain structurées et bien identifiées tout en gardant une souplesse dans l’adaptation aux diverses situations populationnelles; lutte contre les inégalités; et l’accès au temps opportun à des soins palliatifs de qualité.

Le plan du ministre mise sur l’importance d’avoir des indicateurs et des données québécoises permettant de se comparer au reste du pays et à l’international ce qui une bonne nouvelle pour l’avenir des soins palliatifs.

• Résultats attendus : identification et formation sur les pratiques efficientes et bonnes; impact sur l’amélioration de la qualité et de l’accès aux soins palliatifs pour tous les québécois; développement efficient du réseau de soins palliatifs.

Entre le vieillissement et l’augmentation de la population, la demande en soins palliatifs va augmenter et c’est pour cette raison qu’il est important de poser des gestes, dès aujourd’hui, afin de s’assurer que le Québec puisse répondre à cette dernière. L’AQSP et la Société Canadienne du cancer, membre de la Coalition du Québec, sont des partenaires du gouvernement dans ce dossier et sont heureuses de pouvoir collaborer afin de faire avancer les soins palliatifs.

« Nous sommes heureux que le ministre de la Santé et des Services sociaux, adopte une approche pragmatique qui sollicite la collaboration des organismes communautaires pour aller de l’avant dans la concrétisation de son plan, déclare Dre Louise La Fontaine, Présidente de l’Association québécoise de soins palliatifs. »

Les personnes atteintes de cancer sont les premiers utilisateurs de soins palliatifs au pays et il est important pour la SCC que ces soins soient accessibles dans un contexte qui répond aux besoins des patients.

« Lorsque des soins palliatifs sont disponibles au sein des communautés et à domicile, les personnes sont moins susceptibles d’être admises à l’urgence ou dans les unités de soins intensifs et de courte durée; des unités habituellement plus coûteuses. En plus, ces mesures répondent mieux aux besoins des personnes atteintes de cancer. », déclare David Raynaud, Gestionnaire dans l’équipe de défense de l’intérêt public à la Société canadienne du cancer. »

 

À propos de l’Association québécoise de soins palliatifs (AQSP)
L’association québécoise de soins palliatifs (AQSP) a pour mission d’être un carrefour d’échange, de réflexion pour la communauté en soins palliatifs. Elle soutient la communauté en répondant à ses demandes de formation et d’information. L’AQSP forme des soignants professionnels et bénévoles de toutes les régions du Québec. Notre association regroupe près de 600 membres constituant un réseau d’intervenants, de bénévoles et de professionnels, tous unis pour former une équipe multidisciplinaire dont le patient et ses proches font partie.

À propos de la Coalition du Québec pour l’accès aux soins palliatifs
La Coalition a pour mission de veiller à l’accessibilité aux soins palliatifs pour tous. Formée d’une trentaine d’organisations et chapeautée par l’association québécoise de soins palliatifs, elle s’emploie au bien-être des québécois(es), de leurs proches et des divers intervenants œuvrant au sein des soins palliatifs au Québec.

À propos de la Société canadienne du cancer (SCC)
La Société canadienne du cancer travaille sans relâche afin de sauver et d’améliorer des vies. Nous finançons les plus brillants chercheurs sur le cancer. Nous fournissons un réseau d’aide empreint de compassion à toutes les personnes atteintes de cancer, d’un océan à l’autre et pour tous les types de cancer. En tant que voix des hommes et des femmes au pays qui ont le cancer à cœur, nous travaillons de concert avec les gouvernements pour établir des politiques en matière de santé afin de prévenir le cancer et de soutenir les personnes touchées par la maladie. Aucun autre organisme ne fait ce que nous faisons pour améliorer des vies aujourd’hui et changer l’avenir du cancer à jamais. Appelez-nous au 1 888 939-3333 ou visitez cancer.ca aujourd’hui.

Pour organiser une entrevue avec un porte-parole de l’Association québécoise de soins palliatifs, veuillez contacter :

Marta Silva
Coordonnatrice, Agente de développement
514-826-9400
[email protected]

 

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SOURCES :

L’Association québécoise de soins palliatifs, La Coalition du Québec pour l’accès aux soins palliatifs, La Société canadienne du cancer

Symposium | Données et indicateurs en soins palliatifs de fin de vie au Québec en 2002-2016: où en est-on et que proposer pour la suite?

L’INSQP et le RQSPAL ont travaillé conjointement pour mettre à jour des indicateurs de soins palliatifs au Québec en 2002-2016. Afin de présenter les constats et recommandations de ce rapport et de discuter des orientations futures sur les données en SPVF.

Le 29 avril prochain, de 8h30 a 12h00, participez au symposium Données et indicateurs en soins palliatifs de fin de vie au Québec en 2002-2016: où en est-on et que proposer pour la suite?

Dre Louise La Fontaine, présidente de l’AQSP, participera à la plenière Et la suite? en tant que porte-parole de la Coalition du Québec pour l’accès aux soins palliatifs.

Voir la programmation complète et les objectifs du symposium ICI

Inscrivez vous ICI

Bulletin | Volume 29 No.1 numéro spécial

Bulletin spécial de mars 2021

 

 

 

 

 

Ce bulletin fait partie du projet soutien aux soins palliatifs pendant la pandémie, financé par le fond d’urgence pour l’appui communautaire du Gouvernement du Canada et par Fondations Communautaires du Canada

webinaire de l’AQSP du 4 mars 2021 présenté par Louis-André Richard, professeur de philosophie

Vous pouvez maintenant revoir le webinaire ICI

Le thème de ce webinaire est La philosophie du confiné : L’insoutenable vulnérabilité de l’être et les vertus de la mortalité. Ce webinaire est présenté par le professeur Louis-André Richard, qui enseigne la philosophie au Cégep de Sainte-Foy. Il est aussi chargé de cours à la Faculté de Philosophie de l’Université Laval. Titulaire d’un doctorat en philosophie, le champ de recherche du professeur Richard se déploie à partir de considérations, anthropologique, éthique et politique. Ses travaux l’ont conduit à réfléchir sur les questions touchant la dignité humaine et les soins de fin de vie. Il est également responsable du comité éthique de l’Association québécoise de soins palliatifs. Il est l’auteur de nombreux ouvrages aux Presses de l’Université Laval dont : La cigogne de Minerve : Philosophie, culture palliative et société, De l’éducation libérale, essai sur la transmission de la culture générale, Plaidoyer pour une mort digne, les raisons de nos choix et les choix de soins appropriés en fin de vie (écrit en collaboration avec Michel L’Heureux).

Descriptif et objectifs du webinaire:

Cette présentation est une tentative d’investigation philosophique. Elle ne sert à rien, mais peut tout changer! Les réflexions proposées profitent des circonstances singulières du confinement pour explorer les avantages liés à notre condition vulnérable de roseaux pensants. En tant qu’humain, nous sommes conscients d’être mortels et nous aspirons à l’immortalité. Peut-on discerner, via le constat de cette disposition, des qualités profitables à l’épanouissement de notre être ? C’est le pari que nous faisons en vous invitant à prendre part à la conversation sur les vertus de la mortalité.

  • formuler les enjeux de la vulnérabilité en fin de vie.
  • caractériser les réflexions philosophiques présentant les vertus de la mortalité.
  • raffiner l’esprit critique au sujet des défis politiques actuels au regard de la fin de vie.
Ce webinaire fait partie du projet soutien aux soins palliatifs pendant la pandémie soutenu par le fond d’urgence pour l’appui communautaire du Gouvernement du Canada et par Fondations Communautaires du Canada

Nos aînés veulent occuper leurs propres lits plutôt que ceux des hôpitaux

Chez nos voisins du sud, on voit régulièrement des circonscriptions électorales être remaniées dans des buts partisans. J’ai d’ailleurs récemment appris le mot étrange qui désigne ce remodelage arbitraire des frontières des circonscriptions : le gerrymandering.

Chez nous on ne manque pas non plus d’inventer des drôles de mots, comme les RI/RPA, SAD/SIAD, ou encore les CISSS et les CIUSSS. Ces fameux CIUSSS qui sont des territoires de soins, découpés arbitrairement aussi, définissent donc un bassin de population à soigner, qu’on appelle région sociosanitaire.

Alors que la deuxième vague de COVID nous frappe de plein fouet, je me rends compte que le découpage des CIUSSS ne tient pas compte du tout du nombre d’aînés demeurant en RI/RPA. Je réalise que cette donnée extrêmement pertinente, le nombre de « portes » représentant des personnes âgées vivant dans des milieux collectifs, est grandement variable d’un CIUSSS à l’autre.

En ce 17 février 2021, rien ne va plus dans les hôpitaux montréalais. Les lits sont pleins à 150 % un peu partout et on s’en va tout droit vers le point de rupture. Une grosse partie de ces lits sont occupés par des personnes âgées, souvent des patients qui, de surcroît, ne requièrent pas du tout le plateau technique de l’hôpital. Tous les jours, les ambulances transportent sans arrêt des Jeannine et des Lucille, qui atterrissent alors, toutes désorientées, dans le chaos de l’urgence. « Qu’est-ce qui vous amène à l’hôpital ? » leur demande-t-on. Souvent, elles ne savent pas, elles ne comprennent pas. Non pas en raison de troubles cognitifs, mais plutôt parce qu’on ne leur a pas vraiment demandé leur opinion, et parce qu’aucun médecin n’a pris le temps d’évaluer les alternatives possibles. Alors voilà, nos hôpitaux sont remplis de vieux, si on peut dire ça comme ça. Mais est-ce leur faute ? Doit-on blâmer cette génération d’hommes et de femmes qui ont travaillé si dur et qui ont tant sacrifié pour leur famille ? Ces aînés qui maintenant se retrouvent au crépuscule de leur vie, en perte d’autonomie, et qui ont choisi de se « placer » dans une résidence avec des services, était-ce leur souhait que d’être envoyés à l’urgence par le personnel de la résidence, à la moindre inquiétude ?

Les résidences privées pour aînés représentent une concentration très élevée de gens malades et de consommateurs de soins. Le Québec est le champion au Canada de ces ghettos de vieux. On pourrait s’imaginer que chaque résidence a un médecin attitré, qui passe toutes les semaines, et qui assure avec ses collègues une garde 24/7 à l’année, pour ainsi répondre aux nombreux besoins de cette population vulnérable. Mais non, ce n’est malheureusement pas le cas. Pendant que les omnipraticiens, forcés par le gouvernement, faisaient leur effort de guerre pour « offrir à chaque Québécois un médecin de famille » en augmentant la cadence au bureau pour vider les listes, la couverture médicale pour les résidences pour aînés, pour les ressources intermédiaires, elle, n’a jamais été à l’agenda. Bien avant l’arrivée de ce fichu virus dans nos vies, nous étions déjà en pandémie : la pandémie du vieillissement accéléré de la population. La problématique des aînés malades provenant de résidences, sans accès à une garde médicale communautaire, qui consultent à répétition à l’hôpital pour des problèmes qui auraient pu se régler à domicile, est une réalité bien connue des urgentologues. Disons que ça allait déjà très mal à ce chapitre.

Il ne faut pas les blâmer, puisqu’elles sont surchargées et fatiguées, mais les infirmières des résidences privées ont le réflexe de faire le 9-1-1 pour tous leurs clients malades, même si ces derniers souhaitent des soins davantage axés sur le confort que sur le prolongement de la vie. Puisqu’elles ne veulent pas « prendre de chance », et surtout parce qu’elles n’ont habituellement aucun médecin à qui se référer, elles vont s’en remettre au système hospitalier pour prendre en charge le grand-papa sourd et dément qui inquiète de par son incontinence urinaire nouvelle par exemple.

C’est quand même fou de constater à quel point la première ligne est décousue, et qu’à certains endroits à Montréal, on se retrouve dans des déserts médicaux, sans aucune présence médicale à domicile pour les patients instables et vulnérables. Des déserts où pullulent néanmoins des dizaines et des dizaines de tours de résidences privées pour aînés… Le désastre engendré par cette mauvaise couverture médicale, découlant d’un découpage de régions sociosanitaires qui ne tient pas compte du nombre d’aînés en RPA, est la trame de fond de cette pandémie.

Négligence systémique des aînés est l’expression qui me vient en tête lorsque je pense à notre système de santé. Pendant que le gouvernement perdait son temps à pondre des statistiques sur les taux d’assiduité des patients envers leur médecin de famille en cabinet, aucune énergie n’a été déployée pour monter et soutenir des équipes médicales intensives à domicile, ressources pourtant peu coûteuses et d’une efficacité redoutable lorsqu’il s’agit d’éviter les hospitalisations inutiles.

Ceux qui sont allés prêter main-forte dans les résidences privées aux prises avec des éclosions majeures l’ont sans doute constaté : la COVID est loin d’être le seul problème qui afflige ces personnes âgées. Troubles cognitifs avec problèmes de comportement, insuffisance cardiaque terminale, polypharmacie et grande fragilité sont autant de diagnostics que le clinicien retient lors de sa « tournée COVID ». Mettre les pieds dans une résidence privée pour aînés c’est comme ouvrir une boîte de Pandore. Les problèmes sont criants, et les opportunités d’initier des soins palliatifs en contexte de maladie chronique sévère sont multiples. Or, dans notre système de santé hospitalo-centriste, les patients vieillissants qui souffrent de plusieurs comorbidités sont habituellement pris dans un système de portes tournantes, où d’une hospitalisation à une autre, le déclin s’installant de plus en plus, le patient n’a jamais l’occasion d’opter pour des soins palliatifs à domicile. Il est tellement navrant de voir nos aînés passer les deux dernières années de leur vie dans les allers-retours incessants à l’hôpital pour ensuite mourir tristement sur une civière. Quelle fin insensée, me dis-je souvent. Mais surtout, ils méritent mille fois mieux.

Alors quelles sont les leçons que l’on peut tirer de la pandémie pour les soins palliatifs ? Que nous avons un énorme retard à rattraper en ce qui a trait aux soins à domicile. Plus précisément, il est urgent que chaque CISSS/CIUSSS ait ses équipes médicales sur le terrain à domicile, de garde 24/7 pour toute sa population gériatrique, en perte d’autonomie, et palliative.

Il apparaît également primordial que les médecins des équipes de soins à domicile soient non seulement à l’aise avec les soins de fin de vie, mais également avec les soins aigus. Le fardeau des insuffisants cardiaques et emphysémateux décompensés sur notre système hospitalier est énorme, et la gestion de ces épisodes de défaillance peut parfois se faire à domicile. Il faut développer une aisance à établir les niveaux de soins, à analyser rapidement les profils pharmacologiques et à prendre en charge les patients complexes atteints de multiples pathologies. Les cliniciens qui ont cette expertise et cette facilité en soins gériatriques et palliatifs peuvent ainsi voir un grand nombre de patients, et c’est un aspect qui me semble important à souligner. En effet, la très grande concentration de personnes âgées en perte d’autonomie dans les milieux urbains densément peuplés oblige à un certain débit. Sans ignorer la qualité des soins et l’humanisme, il nous faut passer à la seconde vitesse si on veut pouvoir donner accès aux soins au plus grand nombre. Durant une éclosion majeure de COVID, il faut se dépêcher de voir le plus de patients possible, établir leur niveau de soins, faire la liste des problèmes, détailler un plan de match et ensuite parler aux familles et au pharmacien. Cette vitesse de croisière devrait aussi être celle adoptée pour tout soin à domicile en général, puisque la crise sanitaire due au vieillissement de la population ne fait que commencer.

Article rédigé par Dre Eveline Gaillardetz, médecin au CLSC de Verdun.

 

webinaire du 22 février: Composer avec les contraintes de la pandémie en fin de vie et au début du deuil

Ce webinaire n’est plus disponible en rediffusion.

Le thème de ce webinaire est Composer avec les contraintes de la pandémie en fin de vie et au début du deuil, il sera présenté par Sophie Latour, T.S, intervenante à la Maison Source Bleue et formatrice pour les Formations Monbourquette sur le deuil à PRAXIS- Centre de développement professionnel, et Nathalie Viens, T.S, formatrice et coordonnatrice des Formations Monbourquette sur le deuil à PRAXIS- Centre de développement professionnel de la faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal.

Descriptif et objectifs du webinaire:

 

Depuis le début de la pandémie, plusieurs transformations ont eu lieu en ce qui a trait au soutien des proches des personnes en fin de vie ainsi qu’à l’amorce du processus de deuil, particulièrement au niveau des rituels.

Ce webinaire vous permettra de mieux comprendre l’importance d’ajuster les pratiques de fin de vie et les gestes rituels du deuil, tout autant que de réfléchir aux options à offrir aux personnes qui vivent ces situations.

Dans ce webinaire vous apprendrez à:

1-      Soutenir la résilience des proches aidants et des endeuillés en contexte de pandémie.

2-      Mieux comprendre l’importance d’ajuster les pratiques de fin de vie et les gestes rituels du deuil.

3-      Réfléchir aux options à offrir aux personnes qui vivent ces situations.

Ce webinaire fait partie du projet soutien aux soins palliatifs pendant la pandémie soutenu par le fond d’urgence pour l’appui communautaire du Gouvernement du Canada et par Fondations Communautaires du Canada